Poèmes du Monde
Poème indien Au commencement, cela était non existant. Londres 1926 – cité par Marie-Louise von Franz,
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Poème hébreu Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour de la nuit, qu’ils servent de signes tant pour les fêtes que pour les jours et les années, La Genèse, Quatrième Jour, |
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Poème Chinois Quelque chose de confus et mélangé Fait de silence et de vide Son nom reste inconnu Grand car il y a expansion Ainsi, grande est la voie Dans l’univers existent quatre grandeurs Tao-Te-King, Chant 25, de Lao-Tseu, |
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Poème Phénicien « Sans limites et sans durée était l’atmosphère, et un vent s’élevait en son même sens. Et le vent devint amoureux de son principe et se retourna sur lui-même, d’où naquit le Désir. Le Désir a été le principe de tout […] Et de lui naquit Môt, pourriture d’un mélange aqueux. Môt apparut en l’aspect d’un Œuf, – et de là sortirent des êtres inconscients, puis conscients et contemplateurs des cieux ! » (in P. Ravignant et A. Kielce (éd.). |
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Poème Grec « Donc, avant tout, fut le Vide ; puis Terre aux larges flancs, assise sûre à jamais offerte à tous les vivants, et Amour, le plus beau parmi les dieux immortels, celui qui rompt les membres et qui, dans la poitrine de tout dieu comme de tout homme, dompte le cœur et le sage vouloir. Du Vide naquirent Erèbe et la noire Nuit. Et de Nuit, à son tour, sortirent Éther et Lumière du Jour. Terre, elle, d’abord enfanta un être égal à elle-même ; capable de la couvrir toute entière, Ciel Étoilé, qui devait offrir aux dieux bienheureux une assise sûre à jamais. » Hésiode, Théogonie ; |
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Pan Gu Il était une fois, Yin les ténèbres et Yang la lumière. Yin et Yang constituaient les deux forces vitales de l’univers. De leur union, naquit le dieu Pan, Gu. Il se développa durant 18 000 ans dans les ténèbres d’un énorme œuf. Au bout de 18 000 ans, l’œuf s’ouvrit et se divisa : toutes les particules transparentes et légères s’envolèrent et formèrent le ciel, tandis que les parties lourdes et opaques s’enfoncèrent pour former la terre. Pour empêcher le ciel et la terre de se mêler à nouveau, Pan Gu se redressa et se mit à grandir de dix pieds par jour pour les tenir écartés. Ainsi séparés pendant 18 000 ans, la terre et le ciel se stabilisèrent. Pan Gu put enfin se reposer ; il s’allongea et mourut. Son souffle donna naissance au vent et aux nuages, sa voix au tonnerre, son œil gauche devint le soleil et son œil droit la lune, ses cheveux et ses moustaches dévirent des étoiles dans le ciel. Les autres parties de son corps se transformèrent en montagnes, en fleuves et en arbres et constituèrent toutes les parties de la terre et sa transpiration se transforma en pluie et en rosée. Mythe chinois |
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La mort du chaos Shu l’empereur de la mer septentrionale et Hu l’empereur de la mer du Sud se rencontrèrent souvent sur le territoire du Hun Dun, le chaos. Ils voulurent le remercier de son hospitalité. S’avisant que chacun d’entre eux possédait sept orifices corporels pour manger, voir et entendre, alors qu’Hun Dun n’en avait qu’un, ils décidèrent d’offrir de nouveau orifices à leur hôte. Ils creusèrent le corps de Hun Dun à l’aide de ciseaux et de pointes, à raison d’un trou par jour. Au bout du septième jour, ils achevèrent leur ouvrage mais Hun Dun était mort. Tandis que le chaos rendait l’âme, le monde voyait le jour. Mythe chinois rapporté par Zhuangzi |
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« Il n’était alors ni Non-Être, ni Être. Il n’était d’atmosphère, ni de ciel au-dessus. Qui enveloppait tout ? Eau ou abîme ? Jour ni nuit, ni mort, ni immortalité. L’Un respirait calmement, étant à lui-même son soutien. L’Un vide et enveloppé de néant, se développait par la Ferveur : et le Désir s’éleva en lui, et, de là, est le germe premier, lien qui unit Être et Non-Être » |
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Inde, Rig Veda |
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« De la conception, l’accroissement. De l’accroissement, l’intumescence. De l’intumescence, la pensée.- De la pensée, le souvenir. Du souvenir, le désir. – Fécond devint le mot. Et il s’unit avec la vague lueur, et il engendra la nuit. – Du néant, la naissance ». |
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Nouvelle Zélande, Poème Maori |
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« Il était! Taaroa était son nom. Il planait dans le vide : point de terre et point de ciel. Taaroa appelle, mais rien ne lui répond. Alors, de son existence solitaire il tira l’existence du monde. Les piliers, les rochers, les sables, se lèvent à la voix de Taaroa : c’est ainsi que lui-même s’est nommé ! Il est le germe et l’assise, et l’incorruptible ». |
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Polynésie, Poème Tahitien |
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L’Ordre et la Vérité sont nés De là l’Océan et ses ondes. L’Ordonnateur a mis en forme |
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Hymne Védique, L’ardeur cosmique |
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Donc, avant tout, fut le Vide ; puis Terre aux larges flancs, assise sûre à jamais offerte à tous les vivants, et Amour, le plus beau parmi les dieux immortels, celui qui rompt les membres et qui, dans la poitrine de tout dieu comme de tout homme, dompte le cœur et le sage vouloir. Du Vide naquirent Erèbe et la noire Nuit. Et de Nuit, à son tour, sortirent Éther et Lumière du Jour. Terre, elle, d’abord enfanta un être égal à elle-même ; capable de la couvrir toute entière, Ciel Étoilé, qui devait offrir aux dieux bienheureux une assise sûre à jamais. |
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Hésiode, Théogonie
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Avant la mer, la terre et le ciel qui couvre tout, la nature, dans l’univers entier, offrait un seul et même aspect ; on l’a appelé le chaos ; ce n’était qu’une masse informe et confuse, un bloc inerte, un entassement d’éléments mal unis et discordants. Il n’y avait pas encore de Titan pour donner sa lumière au monde ; Phébé ne réparait pas les cornes nouvelles de son croissant ; la terre n’était pas suspendue dans l’air environnant ni équilibrée par son propre poids ; Amphitrite n’avait pas étendu ses bras tout le long des rivages. Partout où il y avait de la terre, il y avait aussi de la mer et de l’air ; ainsi la terre était instable, la mer impropre à la navigation, l’air privé de lumière ; aucun élément ne conservait sa forme, chacun d’eux était un obstacle pour les autres, parce que dans un seul corps le froid faisait la guerre au chaud, l’humide au sec, le mou au dur, le pesant au léger. Un dieu, avec l’aide de la nature en progrès, mit fin à cette lutte ; il sépara du ciel la terre, de la terre les eaux et il assigna un domaine au ciel limpide, un autre à l’air épais. Après avoir débrouillé ces éléments et les avoir tirés de la masse ténébreuse, en attribuant à chacun une place distincte, il les unit par les liens de la concorde et de la paix. La substance ignée et impondérable de la voûte céleste s’élança et se fit une place dans les régions supérieures. L’air est ce qui en approche le plus par sa légèreté et par sa situation ; la terre, plus dense, entraîna avec elle les éléments massifs et se tassa sous son propre poids ; l’eau répandue alentour occupa la dernière place et emprisonna le monde solide. Lorsque le dieu, quel qu’il fût, eut ainsi partagé et distribué l’amas de la matière, lorsque de ses différentes parts il eut façonné des membres, il commença par agglomérer la terre, pour en égaliser de tous côtés la surface, sous la forme d’un globe immense. Puis il ordonna aux mers de se répandre, de s’enfler au souffle furieux des vents et d’entourer d’une ceinture les rivages de la terre. Il ajouta les fontaines, les étangs immenses et les lacs, enferma entre des rives obliques la déclivité des fleuves, qui, selon les contrées, sont absorbés par la terre elle-même ou parviennent jusqu’à la mer et, reçus dans la plaine des eaux plus libres, battent, au lieu de rives, des rivages. Il ordonna aux plaines de s’étendre, aux vallées de s’abaisser, aux forêts de se couvrir de feuillage, aux montagnes rocheuses de se soulever. Deux zones partagent le ciel à droite, deux autres à gauche, avec une cinquième plus chaude au milieu d’elles ; la masse qu’il enveloppe fut soumise à la même division par les soins du dieu et il y a sur la terre autant de régions que couvrent les zones d’en haut. L’ardeur du soleil rend celle du milieu inhabitable ; deux autres sont recouvertes de neiges épaisses ; entre elles il en plaça encore deux, à qui il donna un climat tempéré, en mélangeant le froid et le chaud. Au-dessus s’étend l’air; autant il est plus léger que la terre et l’eau, autant il est plus lourd que le feu. C’est le séjour que le dieu assigna aux brouillards et aux nuages, aux tonnerres, qui épouvantent les esprits des humains, et aux vents, qui engendrent les éclairs et la foudre. Aux vents eux-mêmes l’architecte du monde ne livra pas indistinctement l’empire de l’air; aujourd’hui encore, quoiqu’ils règnent chacun dans une contrée différente, on a beaucoup de peine à les empêcher de déchirer le monde, si grande est la discorde entre ces frères. L’Eurus se retira vers l’aurore, le royaume des Nabatéens, la Perse et les sommets au-dessus desquels montent les rayons du matin ; Vesper et les rivages attiédis par le soleil couchant sont voisins du Zéphyre ; l’horrible Borée envahit la Scythie et le septentrion ; les régions opposées de la terre sont détrempées sans trêve par les nuages et les pluies de l’Auster. Au-dessus des vents, le dieu plaça l’éther fluide et sans pesanteur, qui n’a rien des impuretés d’ici-bas. Dès qu’il eut enfermé tous ces domaines entre des limites immuables, les étoiles, longtemps cachées sous la masse qui les écrasait, commencèrent à resplendir dans toute l’étendue des cieux. Pour qu’aucune région ne fût privée de sa part d’êtres vivants, les astres et les dieux de toutes formes occupèrent le céleste parvis. |
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Ovide, Métamorphoses |
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Ce premier monde était une forme sans forme, |
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Guillaume Salluste Du Bartas, |
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La lumière étant faite, il voulut des Cieux hauts |
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Théodore Agrippa d’Aubigné, La Création |
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Le ciel ouvrit, dans toute leur largeur, |
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Ô Nature ! ô ma mère ! ô déesse éternelle ! Ton règne illimité n’a de bornes que toi. Tu dis, et du chaos les gouffres disparurent; Vers un centre commun fit peser tous les corps, |
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Lebrun, La Nature |
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D’autres ont pu sortir de l’abîme des âges, |
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Pierre Daru « D’autres ont pu sortir de l’abîme des âges » |
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Martyres, croix de l’Art, formules, fugues douces, |
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Jules Laforgue, Préludes autobiographiques |
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Anneaux tourbillonnnants des univers en feu, |
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André Joussain, L’Epopée terrestre |
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Mais lui même quel vent l’a jeté sur terre ? |
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Warnery, Les Origines |
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Mais, en ruptures de l’emport périphérique Et se roulant agglomérée en sa genèse : Soleils ! pulpes agglomérant leur graine ! |
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René Ghil, Le Dire du Mieux |
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Lente conversion d’énergie et d’élan, |
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Strada, La Génèse universelle |
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Comment dans cette vase aux clapotements mous Bathybius, un être informe, sans couleur, |
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Jean Richepin, La Gloire de l’eau |
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L’Eternel dit : « Les astres, soutenus par mon bras dans l’espace, parcourent l’immensité : aucun obstacle ne s’oppose à leur marche dont le principe est ma volonté, dont le but est l’exécution de mes plans. Deux mouvements faits en apparence pour se détruire, écueils des sciences humaines, les éloignant et les rapprochant sans cesse, les retiennent dans leurs orbites, et s’opposent à ce que leur choc n’occasionne un épouvantable chaos. Ma main toute-puissante séparant les ténèbres de la lumière, alluma ces flambaux dont l’éclat éternel scintille dans les cieux. L’astre du jour les remplit de lumière; elle s’écoule par torrents intarissables : d’autres soleils épars dans le vide, centres de systèmes plus vastes, y versent aussi des torrents lumineux sur des astres relégués aux confins de l’espace ; leurs rayons réfléchis par les planètes se croisent, se confondent dans l’étendue, se réunissent sur le globe habité qu’ils éclairent et qu’ils vivifient. Les éléments agités par ces feux y composent tour à tour la chaîne des êtres qui l’embellissent. J’ai formé le noyau de ce globe d’une matière assez dure pour que l’océan qui le couvre et dissout tous les corps ne puisse le pénétrer, et se précipitant au centre, laisse aride sa surface. Deux forces opposées ébranlent d’un pôle à l’autre cette masse immense d’ondes accumulées dans l’abime, et par un balancement éternel s’opposent à leur corruption. |
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P. Boiste, L’Univers |
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Il n’est pas d’étoiles fixes : par un mouvement sans fin tout est entraîné dans l’espace. Le Soleil que l’on croyait immobile court lui-même vers un point du ciel. Où vont ces immenses troupeaux d’astres fuyant à travers les espaces ? Leur course a-t-elle un but sublime, ou ne seraient-ils que les rêves effrénés du cerveau d’un Dieu, des rêves condamnés à périr, et qui tourneraient avant de tomber dans la mort, comme de grands oiseaux attirés par un gouffre ! Il fut donc un moment où tout dormait en germe dans l’œuf d’or du Soleil, ma vie, celle de tous les êtres, fils de la Terre, le monde organique et l’inorganique, les océans, les continents, les forêts, le bien et le mal, le ciel et l’enfer d’ici-bas, et la Lune et les autres Êtres, filles du Soleil, avec leur évolution vitale, leur longue histoire, splendide ou sombre. Or de naissance en naissance ne pourrions-nous remonter jusqu’à Dieu, et à une heure première, où les Voies Lactées et les énormes Nébuleuses, l’Univers immense, reposaient aussi, comme des rêves près d’éclore, en la nuit muette de son cerveau ? |
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Jean Lahor, La Gloire du Néant |
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Puis naquirent les planètes |
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Paul Morand, Boule-Panorama |
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Raymond Queneau, L’atome primitif L’atome primitif, l’âge du monde, la nébuleuse primordiale (79-98). Les nombres (98-134). L’éclatement de l’atome primitif (79-134) donne naissance à la variété des choses représentée par l’arc-en-ciel (135-157) |
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II Le vent du monde emporte des planètes III L’énergie bat le rappel des forces V Les lointaines échéances du vide |
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Maurice Couquiaud, Un profil de buée |
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Lequel des deux est l’origine l’Abîme ou bien la lettre A Est-il le râle de l’haleine dure à naître du Vide en Soi Les yeux fermés est-il Quelqu’un qui Se perçoive dans ce A Que d’univers se sont déjà déployés entre ici et là |
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Pierre Emmanuel, A |