Le mystère Titanic
Le mystère Titanic :
Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le Titanic, paquebot targué de son insubmersibilité, heurta un Iceberg au large de Terre-Neuve, et coula en emportant avec lui 1500 victimes. Véritable géant des mers, il est le résulta de prouesses techniques et un hommage au luxe. Son naufrage reste dans les esprits cent ans après les évènements, peut-être grâce aux mystères, aux mythes et superstitions qui l’entourent encore aujourd’hui et dont je traite en bas de cet article.
Un Géant des Mers
Le R.M.S Titanic (Royal Mail Steamer, Paquebot courrier royal) représente le niveau technologique de l’Angleterre en ce début du XXe siècle. Outre des passagers, le Titanic transportait aussi du courrier, sous les auspices du roi d’Angleterre Henry V, ce qui lui conféra son nom de Royal Mail Steamer.
L’idée même de la construction de ce bateau émergea dans les esprits de J. Bruce Ismay et de James Pirrie en 1907 lors d’un dîner à Londres. Ces deux hommes ont leurs intérêts dans la compagnie White Star Line, le premier en est le directeur général, le second est associé par le biais de son entreprise et est chargé de la construction et de la gestion des bateaux de la compagnie. Ensemble, ils veulent contrer la montée d’une compagnie concurrente, la Cunard Line, qui vient de sortir deux bateaux, et qui feront vite pâle figure face au géant Titanic.
La compagnie White Star Line souhaite alors lancer en trois ans, de 1911 à 1914, la construction de trois paquebots, en misant sur le luxe, le nombre de passagers (2400), le tonnage de fret (2000T) et la sécurité plus que sur la vitesse (22 noeuds). Ainsi, la compagnie peut proposer un départ tous les mercredis de Southampton vers New-York, avec une traversée en six jours et demi.
Les chantiers navals sont situés à Belfast, en Irlande du Nord, emploient 14000 personnes et grâce à la technologie avancée de leurs équipements, ils sont en mesure de construire 8 bateaux à la fois. L’architecte Alexander Carlisle voit les choses en très grand : trois bâtiments de 268 mètres de long et de 45000 tonnes. Le nom donné aux trois paquebots n’est d’ailleurs pas dû au hasard : l’Olympic, le Gigantic et le Titanic. Le 31 mars 1909, la construction du Titanic est achevée. Le 31 mai 1911 à Belfast, le paquebot Titanic est lancé devant des milliers de spectateurs. L’achèvement des aménagements du transatlantique ne survient qu’en mars 1912. Les essais se déroulent le 1er avril. Deux jours plus tard, le navire arrive à Southampton d’où il appareillera une semaine après pour New York.
Le 4 avril 1912, dans le port de Southampton, l’équipage du paquebot Titanic achève les derniers préparatifs avant le grand départ prévu le 10 avril.
Le Titanic est alors un véritable géant des mers. 269 mètres de long et 28 mètres de large, il possédait une passerelle de navigation de 22 mètres, des ponts d’embarcations de 24 mètres, des cheminées de 42 mètres, des mâts de 64 mètres et 11 ponts dont 8 pour les passagers. Son moteur très puissant le propulsait à 46000 chevaux grâce notamment à ses trois hélices de 98 tonnes en tout. Sa consommation en charbon est tout aussi géante : 1,5 kg par mètre parcouru !
En outre, le paquebot bénéficie des dernières technologies en matière de sécurité, avec commandes électriques des portes depuis la passerelle, une installation téléphonique moderne et une puissant installation radio TSF.
Le paquebot Titanic a la capacité d’embarquer 3 503 personnes : 2 603 passagers dont 905 de 1re classe, 564 de 2e classe, 1134 en 3e classe ainsi que 885 membres de l’équipage. Adaptée à la construction du Titanic, la capacité en canots de sauvetage était de 1178 personnes, avec 16 canots ainsi que 4 radeaux Englehardt (embarcations dans lesquelles 47 personnes pouvaient trouver place). Tout porte concrètement à croire, à la construction du Titanic, que son surnom, » l’insubmersible » lui porterait bonheur.
Côté provisions, 34 000 kilos de viande, 7 000 laitues, 40 tonnes de pommes de terre, 6 819 litres de lait, 36 000 oranges et 20 000 bouteilles de bière sont embarqués. De grandes quantités de vaisselle, couverts, verrerie sont également prévues : 12 000 assiettes plates, 2 500 carafes à eau, 12 000 fourchettes, 1 200 plats à pudding… ! Côté linge, sont embarqués 6 000 nappes, 25 000 serviettes de toilette et 45 000 serviettes de table…Nul doute que le paquebot Titanic était le symbole d’opulence.
La coque possédait un numéro (390904) qui provoqua presque l’arrêt de la construction du Titanic. En le lisant dans un miroir les ouvriers pouvaient voir apparaître les lettres « NO POPE » (« Pas de Pape »). Cette vision fut interprétée comme un mauvais présage par les employés catholiques irlandais des chantiers.
Le 10 avril 1912 au matin, le Titanic appareille dans le port de Southampton en Angleterre avec ses passagers. Toutes les catégories sociales sont représentées, mais chacune est séparée des autres : les Premières Classes (l’aristocratie), les Secondes Classes (professeurs, commerçants), et enfin les Troisièmes Classes (le peuple parti vers le Nouveau Monde). Le billet allait de 65 dollars à 4500 dollars selon la classe, et le niveau de confort offert : gymnase, bains turcs, cafés, fumoirs pour ses Messieurs, salon de lecture pour ses Dames ; cabines de six couchettes et trois repas par jour pour la troisième classe, ce qui néanmoins améliorait leur confort par rapport aux autres bateaux.
Les lieux de luxe
Le navire est en mer, il vogue vers sa destination finale, New-York. Sur les ponts, les passagers qui quelques minutes plus tôt se penchaient aux balustrades, mouchoirs à la main, pour saluer les badauds restés à quai commencent à rentrer dans l’antre. Les troisièmes classes rejoignent les niveaux inférieurs où sont installées leurs cabines. Les autres découvrent le luxe du Titanic.
Le restaurant A la Carte se tient prêt à recevoir ces ventres affamés. Réservé aux passagers de Première Classe, le restaurant offre un repas d’une grande qualité, servi dans un décor Louis XVI et de la vaisselle en cristal. Mme Walter Douglas, passagère de 1re classe et ayant survécu au naufrage, en faisait un élogieux récit: « La dernière nuit, nous dinâmes au Ritz (nom donné au restaurant par les passagers). C’était le summum du luxe. Les tables étaient décorées de roses et de marguerites […] les violons de l’orchestre jouaient Puccini et Tchaïkovski. Le dîner fut somptueux caviar, homards, cailles d’Égypte, œufs de vanneau, raisin de serre et pêches fraîches… »
Pour ceux que le restaurant n’attirait pas encore, il y a avait le Café Parisien. Pourvue de fauteuils et de canapés drapés de soie couleur carmin, la salle était décorée dans le style géorgien. Un emplacement pouvait y accueillir l’orchestre. Cette salle permettait aux groupes de passagers de se retrouver avant de passer à table, et leur donnait également la possibilité de se réunir après le repas.
De style Louis XV, le grand salon de 1re classe était lui le lieu où les passagers se retrouvaient autour d’une tasse de thé. Il était notamment pourvu d’une cheminée en marbre, d’une bibliothèque et d’une cheminée surmontée d’une statue baptisée l’« Artémis de Versailles ». Le centre de la salle était surmonté d’une coupole, et une dizaine de cloisons créaient des recoins donnant aux passagers qui s’y trouvaient un peu d’intimité. On y accédait par 2 corridors ou par 2 vestiaires donnant sur le pont promenade.
Puis une nuit vint tout bouleverser.
La Nuit du 14 au 15 avril 1912 : Le récit des événements minute par minute
Dimanche 14 avril :
Il est 20h35, le commandant Edward John Smith arrive sur le pont et fait remarquer au 2e officier, Herbert Lightoller, que le temps est froid. Ils évaluent à quel moment ils risquent de se trouver à proximité de la banquise et comment ils pourront la repérer. Ils auront la réponse quelques heures plus tard.
21h20. le commandant Smith quitte la passerelle et donne l’ordre à Lightoller de le prévenir s’il éprouve le moindre doute…
22h00. L’officier Lightoller prévoit d’atteindre la zone d’icebergs vers 23h. Il termine son quart et cède sa place au 1er officier William McMaster Murdoch. Les vigies effectuent également la relève avec une seule consigne, celle de veiller à la présence de banquise ou de growlers.
23h40. Les 2 guetteurs, Frederic Fleet et Reginald Lee Robinson tentent, de percer l’obscurité de la nuit ; la disparition de leur paire de jumelle leur fait cruellement défaut. Ils aperçoivent néanmoins une gigantesque masse sombre droit devant le navire. Il ne leur faut que peu de temps pour réaliser qu’il s’agit là d’un immense iceberg. Fleet sonne alors 3 fois la cloche et téléphone à la passerelle : « Iceberg droit devant ».
Murdoch aperçoit lui aussi la masse menaçante qui émerge de l’obscurité. Il se précipite sur la télécommande qui relie la passerelle à la salle des machines et donne l’ordre de passer « En arrière toute » et ordonne en même temps au quartier maître, Robert Hichens, « la barre à tribord toute ».
Il déclenche ensuite la sonnerie commandant la fermeture des portes étanches et actionne le mécanisme de verrouillage. Le choc n’est pas perçu de la même manière par les passagers et les hommes de l’équipage : alors que ceux qui se trouvent dans les hauteurs ressentent une vibration, les mécaniciens ont déjà les pieds dans l’eau et tentent de s’enfuir.
Quelques instants plus tard, le commandant Smith est réveillé par la collision et arrive sur la passerelle pour analyser la situation avec Murdoch. Il envoie alors le 4e officier Joseph Groves Boxhall inspecter les fonds de la proue au niveau du pont G qui ne trouve rien d’anormal sur son chemin de retour.
Les moteurs sont arrêtés. Le commandant fait demander Thomas Andrews, l’architecte du Titanic.
23h50. Le postier John R. J. Smith fait part à Boxhall de la situation dans la salle de tri postal. L’eau s’engouffre dans la coque et monte de plus de 4 mètres dans les parties basses de l’avant du Titanic.
Andrews analyse le rapport des avaries et calcule que le Titanic ne dispose que de 2 heures avant de sombrer.
23h58. Le commandant arrive dans la salle radio et ordonne la transmission du signal de détresse C.Q.D. (Come Quick Danger / Venez Vite Danger) suivi de M.G.Y., l’identité du Titanic.
Lundi 15 avril :
0h05. Le capitaine donne l’ordre au chef officier Henry Tingle Wilde de faire préparer les canots de sauvetage, de rassembler les passagers, et de sortir la liste d’affectation pour chaque canot.
00h10. Le paquebot commence à piquer de l’avant. A la demande du commandant Smith, les musiciens prennent place à l’avant du bateau sur le pont A pour jouer.
0h15. Le premier appel de détresse (CQD) lancé par l’opérateur John George Phillips est intercepté par le bateau français La Provence, le navire canadien Mount Temple et la station terrestre Cape Race, mais la position du Titanic est incorrecte.
0h25. La station Cap Race reçoit la position corrigée du Titanic : 41°46’N, 50°14’W. Bien que le Carpathia se trouve à 58 miles du Titanic, son commandant décide rapidement de mettre tout en œuvre pour accueillir à son bord les passagers.
Le commandant du Titanic donne l’ordre de faire embarquer dans les canots les femmes et les enfants d’abord.
0h30. De nombreux messages sont transmis aux bateaux environnants.
0h45. Le premier canot de sauvetage comprenant seulement 28 passagers, quitte le navire ; il s’agit du n°7. Les fusées de détresse sont tirées durant 55 minutes par intervalle de 5 à 10 minutes jusqu’à 1h40. Entre temps, le quartier-maître Rowe tente de contacter un navire se trouvant proche du Titanic à l’aide d’une lampe Morse. Le C.Q.D est remplacé par le S.O.S ( Save Our Souls/Sauvez nos Ames). C’est la 1re fois de l’histoire de la navigation que le S.O.S est utilisé. La cloison étanche entre les chaufferies n°5 et 6 cède brusquement.
0h55. Les canots de sauvetage n°5 (41 personnes à bord) et le n°6 (28 personnes à bord), quittent le navire. L’eau atteint le pied du grand escalier de 1re classe.
1h00. Le canot n°3 quitte à son tour le paquebot.
1h10. Les canots n°1 (12 personnes à bord) et le n°8 (31 personnes à bord) quittent le navire. Message du Titanic à l’Olympic : « Nous avons heurté un iceberg. Coulons par l’avant. 41°46’N, 50°14’W. Venez le plus vite possible ».
1h20. Les canots n°9 (56 personnes à bord) et n°10 (55 personnes à bord) quittent le navire. Cap Race notifie au Titanic que le Virginian est à 170 miles au nord, et qu’il est en chemin pour porter secours.
1h25. Les canots n°11 (70 personnes) et n°12 (43 personnes) quittent le navire.
1h27. Un message de détresse est envoyé à tous les bateaux. «Nous embarquons les femmes et les enfants dans les canots. Nous ne pouvons plus attendre».
1h30. Le canot n°14 (60 personnes à bord) quitte le navire. Le nom du navire est désormais complètement recouvert par la mer. Le Titanic réitère son message au Olympic : « Nous embarquons les passagers dans les canots ».
1h35. Les canots n°16 (46 personnes à bord), n°13 (64 personnes à bord) et n°15 (70 personnes à bord), quittent le navire.
1h40. Le canot C (39 personnes à bord) quitte le navire. La dernière des 8 fusées de détresse est lancée. Les passagers se précipitent à tribord pour compenser la gîte importante. La proue est maintenant sous l’eau.
1h45. La salle des machines est inondée.
1h50. Le canot n°2 quitte le navire. Le message de l’ Olympic signifiant son assistance au Titanic est capté par le Virginian et Cap Race.
1h55. Le canot n°4 (42 personnes à bord) quitte le navire. Il recueillera 8 passagers naufragés (2 périront dans le canot).
La chaufferie n°4 est submergée, provoquant une plongée rapide de la proue. Les hélices commencent à émerger et la timonerie est sous l’eau.
2h00. La plage avant disparaît sous l’eau, située à 10 pieds au dessous du pont de la promenade. L’eau envahit désormais la salle à manger de 1re classe sur le pont D. Le canot D quitte le navire en dernier.
2h10. L’ultime message radio est transmis. Le commandant Smith ordonne aux opérateurs radio de quitter le navire. Le canot B quitte le navire.
2h15. Le navire commence à se briser en 2, les pressions sur la coque sont trop fortes.
2h17. La poupe s’élève dans le ciel étoilé, provoquant la chute de tous les objets à l’intérieur du navire. L’éclairage vacille puis s’éteint. La première cheminée s’effondre.
2h20. La partie arrière du Titanic se dresse verticalement vers le ciel, se maintenant quelques instants. Elle se remplit d’eau et finit par couler à son tour. C’est l’heure officielle où le Titanic sombre par 41.46 Nord et 50.14 Ouest.
Le Titanic disparaît de la surface de l’océan emportant avec lui 1502 personnes…
Un mythe porté par son mystère
Le Titanic, cent ans après, met toujours en émoi. Il s’agit de la première grande catastrophe que le monde connait, apprise simultanément par la presse, une grosse perte humaine en mer.
Ce bateau géant, était-il manoeuvrable ? Le commandant Smith n’a pas eu le temps de prendre connaissance de son navire. Plusieurs accrochages eurent d’ailleurs lieu, comme pour l’escale à Cherbourg où le bateau manqua de peu d’accrocher la grand digue du port. De plus, la vitesse du bateau, 22 noeuds (environs 40km/h), et ses dimensions, ne permettait pas un changement de cap rapide. Lorsque Smith eut connaissance de la présence de glaces il ordonna immédiatement de virer de bord, mais l’ordre ne peut être exécuté qu’au bout de trente secondes ! Et il faut près d’un mille marin et demi (environs 2800m) pour que la manoeuvre parvienne à son terme. Il ne manquait que trois secondes pour éviter la catastrophe, la brèche qui fendit la coque comme une boite de conserve. Beaucoup d’experts pensent qu’il aurait mieux valu frapper de face l’iceberg, ce qui aurait évité le naufrage…
Comment pouvait-on prendre connaissance de la présence de glaces ?
D’abord, par l’intermédiaire de la radio. La communication entre les navires présents sur la même zone par la TSF est encore embryonnaire, mais elle existe. Mais la radio à bord est d’abord destinée aux passagers, qui reçoivent des messages de leur famille, des ordres de bourse,… Cela représente des centaines de messages. Et une erreur aurait été commise : un bateau aurait envoyé deux messages au RMS Titanic, prévenant d’un risque de rencontre d’iceberg. Mais ces messages ne seront jamais transmis au commandant… Erreur ? Acte volontaire ? N’oublions pas que la présence de la radio est avant tout commerciale, et donc à destination des passagers. L’on préférait transmettre le cours d’une action à un riche client.
Un autre moyen existait pour vérifier la présence d’iceberg. Deux hommes, par garde de deux heures, surveillaient la mer du haut de leur nid-de-pie. La nuit du 14 au 15 février, la température avoisinait 0 degré. Les hommes étaient transis de froid. La mer d’huile rendait la visibilité encore plus mauvaise, puisque l’on ne pouvait rien distingué à l’oeil nu, les jumelles ne servant qu’à préciser ce qui avait été aperçu par l’oeil. Par ailleurs, les icebergs ne sont pas toujours blancs comme l’on s’imagine, et justement l’iceberg qui heurta le bateau venait de se retourner sur lui-même, il était gris, et de l’eau s’écoulait au centre. Presque indétectable…
Après le drame, l’on prendra la mesure du risque de la glace, et des bateaux seront expressément affrétés pour la surveillance en mer des icebergs…
Les Canots de sauvetage étaient-ils en nombre suffisant ?
Sur le Titanic, il y avait vingt canots. Selon la réglementation en vigueur, qui date de la fin du XIXe siècle, il est fait état de l’obligation de présence à bord de seize canots. Le Titanic était donc en règle. Cependant, rappelons que les canots partaient généralement sous occupés, et notamment le premier, qui ne comptait que douze passagers…
L’exercice de sauvetage
Tous les passagers doivent, au cours de leur traversée, subir un entraînement d’évacuation et de sauvetage. Cependant, le commandant Smith n’a pas répondu à cette obligation. En effet, l’entraînement prévu le 14 février au matin a purement et simplement été annulé en raison de l’office religieux qui avait alors lieu en même temps. Avec le recul, on peut s’interroger sur les conséquences de cette décision.
L’incendie
Lors du départ du chantier de Belfast début avril, le Titanic avait dans son chargement le charbon nécessaire à sa consommation. Mais les ouvriers irlandais étant alors en grève, le charbon transbordé était d’une qualité moyenne. Un incendie se déclara alors dans le compartiment n°5. Mais le bateau embarqua tout de même ses passagers et prit la mer ! L’incendie ne sera éteint que vers le 13 avril, en aspergeant le charbon de vapeur d’eau. Le compartiment n°5 sera justement celui qui s’effondrera et vraisemblablement accélérera le naufrage…
Croyances et superstitions
Outre le « No pope » que les ouvriers catholiques irlandais lisaient sur la coque du bateau, le Titanic est vecteur de croyances et de superstitions faisant de lui un bateau maudit.
Prenons l’exemple de l’iceberg. Il a été révélé que le morceau de glace responsable du naufrage s’est détaché de Terre-Neuve quasiment en même temps que le début des travaux de construction du paquebot. Et ce ne n’est pas tout. Puisque cette glace ne proviendrait pas de n’importe quel endroit de l’île, mais d’une falaise où selon les croyances inuits, les femmes venaient se suicider pendant les famines, en se jetant dans l’océan…
Il y a aussi les intuitions. Celles d’abord des ouvriers du chantier, qui voient ce bateau comme maudit. Ensuite, certains membres d’équipages rechignent à embarquer et il y en aura même un qui aurait fui avant l’embarquement, pour réapparaître quelques jours plus tard à l’embarquement d’un autre navire…
Enfin, le Titanic ne parvint pas à vendre toutes ses places, puisqu’il partit avec un déficit de mille passagers par rapport à ses capacités d’accueil. Intuition des passagers ?
Un présage ?
En 1898, parait le roman Le Naufrage du Titan (Futility en anglais), par Morgan Robertson. Il raconte l’histoire d’un paquebot, le Titan, plus grand navire de son époque, qui sombre dans l’océan Atlantique après avoir heurté un iceberg. Le naufrage cause de nombreuses morts à cause du manque de canots de sauvetage à bord.
Le Titan est le plus gros paquebot du monde, et le plus rapide. Ses 19 compartiments étanches lui permettent de plus de rester à flot suite à n’importe quelle collision, et le navire est de fait considéré comme insubmersible. Aussi ne comporte t-il de canots que pour 500 personnes alors qu’il peut embarquer plus de 3 000 passagers. Ses propriétaires le lancent donc à toute vitesse dans l’océan Atlantique, considérant que, dans le cas d’une collision avec un navire, seule la victime serait durement touchée.
Ces similarités entre les deux événements poussent certains à parler de prémonition, et du fait que Robertson aurait « vu » le naufrage avant qu’il ne se produise. Toutefois, si le livre comprend d’étonnantes coïncidences, il contient également d’énormes différences, notamment en ce qui concerne le déroulement du naufrage.
Un beau naufrage
Le naufrage du Titanic est bien sûr tragique par le nombre de ses morts. Mais on peut affirmer que le naufrage « fut réussi ». Pourquoi ?
D’une part parce que le commandant Smith donna l’ordre a tout son équipage de rester à bord jusqu’au naufrage. Aussi parce que le commandant lui-même choisira de mourir dignement, dans la cabine de commandement, un verre de Whisky à la main. Et que l’architecte du bateau attendra la mort dans le fumoir. Des attitudes dignes.
D’autre part parce que les canots de sauvetages furent réservés en priorité aux femmes et aux enfants. Rappelons que 80% des hommes présents sur le bateau périrent. Même si le Directeur Général de la compagnie préféra quitter le bateau au plus vite.
Le RMS Titanic restera encore des décennies dans les mémoires. Véritable tragédie humaine, il embarque encore avec lui des mystères qui lui confèrent en grande partie son caractère immuable dans les esprits. En revanche, l’épave elle ne tiendra plus très longtemps. Par quatre mille mètres de fond, la coque est peu à peu détruite par l’eau. Mais c’est là son destin. Reposer en paix au fond de l’océan.
Source :
http://cherbourg-titanic.com/fr