krishna murti

Krishnamurti

 

 

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J. Krishnamurti

 

 

Biographie de Krishnamurti :

 

Jiddu Krishnamurti, sage et penseur inclassable, est né en Inde, dans une famille de brahmanes de dix enfants. Son père faisant partie de la Société Théosophique, Jiddu est remarqué à l’âge de 14 ans par le théosophe Charles W. Leadbeater. La Société Théosophique voit alors en lui une incarnation de « l’Instructeur Mondial », le Seigneur Maitraya, ainsi que l’avait annoncé Helena Petrovna Blavatsky en 1889. Annie Besant, présidente de la section européenne de la Société Théosophique, prend alors en main son éducation, en Inde, à Londres et même à Paris et l’installe à la tête de l’Ordre International de l’Etoile d’Orient à l’âge de 16 ans.

Jiddu Krishnamurti devient vite un penseur de grande envergure, ne relevant d’aucune religion ou doctrine philosophique. Il ne croit pas à l’existence des « Maîtres », et déteste être l’élu que les théosophes veulent faire de lui. Il récuse donc avec fermeté son rôle messianique et annonce en 1929, devant un auditoire de 3000 personnes, la dissolution de l’Ordre de l’Etoile d’Orient, provoquant une grande confusion dans le mouvement théosophique.

Pour Krishnamurti, la vérité ne passe par aucune organisation, religion, secte ou philosophie. Toute sa vie durant, il rejette le rôle de gourou qu’on veut lui faire jouer. Il crée plusieurs écoles à travers le monde et attire un nombreux public lors de ses conférences ou « causeries » dans le monde entier. Il refuse cependant toute autorité ou disciples. Son enseignement consiste à vouloir rendre les hommes complètement libres.

L’une de ses convictions de base est que les transformations de la société ne peuvent s’accomplir sans une transformation de la conscience de chaque individu. « La vérité est en nous », même si, pour la rechercher « une collaboration amicale sans aucune autorité est préconisée ». Pour Jiddu Krishnamurti, l’important est donc la connaissance de soi, libérée des contraintes et des limites de la religion et du nationalisme. L’homme a créé les représentations religieuses pour satisfaire un besoin de sécurité. Il prône la mise en doute de toute parole émanant d’une autorité, quelle qu’elle soit.

« Citoyen du monde », il voyage beaucoup pour enseigner sa pensée, aux Etats-Unis, où il réside et meurt, en Angleterre, en Suisse (rencontres estivales de Saanen), en Inde. Les textes de ses conférences ont été rassemblés dans une soixantaine de volumes.


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L’essence de son enseignement :


L’essence de l’enseignement de Krishnamurti est contenu dans sa déclaration de 1929 où il dit « la Vérité est un pays sans chemin« . Aucune organisation, aucune foi, nul dogme, prêtre ou rituel, nulle connaissance philosophique ou technique de psychologie ne peuvent y conduire l’homme. Il lui faut la trouver dans le miroir de la relation, par la compréhension du contenu de son propre esprit, par l’observation et non par l’analyse intellectuelle ou la dissection introspective. L’homme s’est construit des images religieuses, politiques ou personnelles, lui procurant un sentiment de sécurité.

 

Celles-ci se manifestent en symboles, idées et croyances. Le fardeau qu’elles constituent domine la pensée de l’homme, ses relations et sa vie quotidienne. Ce sont là les causes de nos difficultés, car, dans chaque relation, elles séparent l’homme de l’homme. Sa perception de la vie est façonnée par les concepts préétablis dans son esprit. Le contenu de sa conscience est cette conscience. Ce contenu est commun à toute l’humanité. L’individualité est le nom, la forme et la culture superficielle que l’homme acquiert au contact de son environnement. La nature unique de l’individu ne réside pas dans cet aspect superficiel, mais dans une liberté totale à l’égard du contenu de la conscience.


La liberté n’est pas une réaction; la liberté n’est pas le choix. C’est la vanité de l’homme qui le pousse à se croire libre par le choix dont il dispose. La liberté est pure observation, sans orientation, sans crainte ni menace de punition, sans récompense. La liberté n’a pas de motif; la liberté ne se trouve pas au terme de l’évolution de l’homme mais réside dans le premier pas de son existence. C’est dans l’observation que l’on commence à découvrir le manque de liberté. La liberté se trouve dans une attention vigilante et sans choix au cours de notre existence quotidienne.


La pensée est temps. La pensée est née de l’expérience, du savoir, inséparables du temps. Le temps est l’ennemi psychologique de l’homme. Notre action est basée sur le savoir et donc sur le temps, ainsi l’homme se trouve toujours esclave du passé.

Quand l’homme percevra le mouvement de sa propre conscience il verra la division entre le penseur et la pensée, l’observateur et l’observé, l’expérimentateur et l’expérience. Il découvrira que cette division est une illusion. Alors seulement apparaît la pure observation qui est vision directe, sans aucune ombre provenant du passé. Cette vision pénétrante, hors du temps, produit dans l’esprit un changement profond et radical.


La négation totale est l’essence de l’affirmation. Quand il y a négation de tout ce qui n’est pas amour – le désir, le plaisir – alors l’amour est, avec sa compassion et son intelligence.


Cette déclaration a été rédigée, à l’origine par Krishnamurti lui-même le 21 octobre 1980, pour figurer dans le second volume – « Les années d’accomplissement » – de la biographie de Krishnamurti par Mary Lutyens (Editions Arista (1984) , épuisée, pour la traduction française). En la relisant, 

Krishnamurti a ajouté :

Seule l’innocence peut être passionnée.

Les innocents ignorent la douleur, la souffrance, même s’ils ont vécu des milliers d’expériences.

Ce ne sont pas les expériences qui corrompent l’esprit, mais les traces qu’elles laissent, les résidus, les cicatrices, les souvenirs. Ils s’accumulent, s’entassent les uns sur les autres, c’est alors que commence la souffrance.

 

Cette souffrance, c’est le temps. Le temps ne peut cohabiter avec l’innocence.

La passion ne naît pas de la souffrance. La souffrance, c’est l’expérience, l’expérience de la vie quotidienne, cette vie de tortures, de plaisirs éphémères, de peurs et de certitudes. Nul ne peut échapper à ces expériences, mais rien n’oblige à les laisser s’enraciner dans le terreau de notre esprit. Ce sont ces racines qui suscitent les problèmes, les conflits et les luttes incessantes. La seule issue, c’est de mourir chaque jour au jour précédent. Seul un esprit clair peut être passionné.


Sans passion, on ne voit ni la brise qui joue dans le feuillage, ni l’eau scintillante dans le soleil. Sans passion, point d’amour.

Qu’est-ce que la beauté ?


Auditeur :
… En fait, je ne connais vraiment rien excepté un petit nombre de choses mécaniques qui sont en rapport avec mon travail; je vois, en parlant avec vous, que ma vie est passablement terne, ou plutôt c’est mon esprit qui est lourd. Donc, comment puis-je m’éveiller à cette sensibilité, à cette intelligence qui rend la vie extrêmement belle pour vous ?

Krishnamurti :
D’abord, Monsieur, on doit affiner les sens en regardant, en touchant, en observant, en écoutant non seulement les oiseaux, le bruissement des feuilles, mais aussi les mots dont vous faites usage vous-même, les sentiments que vous avez – quelque petits et mesquins qu’ils soient – toutes les suggestions secrètes de votre propre esprit. Ecoutez-les et ne les réprimez pas, ne les méprisez pas ou n’essayez pas de les sublimer. Simplement écoutez-les ! La sensibilité des sens ne signifie pas leur assouvissement, ne signifie pas que vous deviez céder aux impulsions ou leur résister, mais signifie simplement les observer de telle sorte que l’esprit soit toujours vigilant comme lorsque vous marchez sur une voie ferrée, sur un rail; vous pouvez perdre votre équilibre, mais immédiatement vous revenez sur le rail. Ainsi, tout l’organisme devient vivant, sensible, intelligent, équilibré, tendu. Probablement vous considérez que le corps n’est pas du tout important. Je vous ai vu manger, et vous mangez comme si vous chargiez un fourneau. Vous pouvez aimer le goût de l’aliment, mais la façon dont vous mélangez les aliments dans votre assiette est si totalement mécanique, si inattentive ! Quand vous prenez conscience de tout cela, vos doigts, vos yeux, vos oreilles, votre corps, tout devient sensible, vivant, docile. C’est relativement facile. Mais, ce qui est plus difficile, c’est de libérer l’esprit des habitudes mécaniques, de pensée, de sentiment et d’action qu’il a été amené à prendre par les circonstances – par sa femme, ses enfants, son travail. L’esprit lui-même a perdu son elasticité. Les formes plus subtiles d’observation lui échappent. Cela signifie vous voir tel que vous êtes réellement sans vouloir vous corriger ou changer ce que vous voyez ou vous en évader – simplement vous voir réellement, tel que vous êtes, de sorte que l’esprit ne retombe pas dans une autre série d’habitudes. Quand un tel esprit regarde une fleur ou la couleur d’un vêtement ou une feuille morte tombant d’un arbre, il est désormais capable de voir le mouvement de cette feuille pendant qu’elle tombe, et la couleur de cette fleur, d’une façon vivante. Ainsi, à la fois, extérieurement et intérieurement, l’esprit devient hautement vivant, souple, alerte; il y a une sensibilité qui rend l’esprit intelligent.. La sensibilité, l’intelligence et la liberté en action, c’est la beauté de la vie.

Auditeur :
Très bien. Donc on observe, on devient très sensible, très vigilant et alors quoi ? Est-ce que c’est tout ce qu’il y a, simplement s’émerveiller sans fin à propos de choses parfaitement banales ? Je suis sûr que chacun fait cela continuellement, tout au moins quand il est jeune, et il n’y a pas là-dedans de quoi faire trembler la terre. Quoi alors ? N’y a-t-il pas quelque état ultérieur et non pas seulement cette observation dont vous parlez ?

Krishnamurti :
Vous avez commencé cette conversation en posant une question au sujet de la beauté, en disant que vous ne la ressentiez pas. Vous avez dit aussi que dans votre vie il n’y a pas de beauté et, donc, nous étudions cette question de savoir ce qu’est la beauté, pas seulement verbalement et intellectuellement mais en percevant la pulsation même de la chose.

Auditeur :
En effet, mais quand je vous ai posé cette question, je me demandais s’il n’y avait pas quelque chose au delà de cette simple observation sensible que vous décrivez.

Krishnamurti :
Naturellement, il y a quelque chose, mais à moins que vous n’ayez la sensibilité d’observation, la vision de ce qui est infiniment plus grand ne peut pas survenir.

Auditeur :
Tant de gens voient avec cette sensibilité exaltée ! Les poètes regardent avec un sentiment intense, mais dans tout cela il ne paraît y avoir aucune brèche en direction de ce quelque chose infiniment plus grand, infiniment plus beau, de ce quelque chose que les gens appellent le divin. Parce que je sens, fût-on très sensible ou plutôt lourd, comme je le suis, qu’à moins qu’il n’y ait une percée vers quelque dimension totalement différente, ce que nous percevons ce ne sont que des nuances variées de gris. Dans toute cette sensibilité dont vous dites qu’elle vient par l’observation, il me semble qu’il n’y a qu’une différence quantitative, juste une petite amélioration, et non quelque chose de réellement, d’immensément différent. Franchement, je ne suis pas intéressé à n’obtenir qu’un peu plus de la même chose.

Krishnamurti :
Alors, que demandez-vous maintenant ? Demandez-vous comment effectuer une percée, à travers la grise et terne monotonie de la vie, conduisant à quelque dimension totalement différente ?

Auditeur :
Oui. La beauté réelle doit être quelque chose d’autre que la beauté du poète, de l’artiste, du jeune esprit alerte, bien que je ne déprécie en aucune manière cette beauté.

Krishnamurti :
Est-ce réellement cela que vous cherchez ? Est-ce réellement ce que vous voulez ? Si c’est le cas, il doit y avoir une révolution totale de votre être. Est-ce que c’est cela que vous voulez ? Voulez-vous une révolution qui mette en pièces tous vos concepts, vos valeurs, votre moralité, votre respectabilité, votre savoir – qui vous mette en pièces de telle sorte que vous soyez réduit au néant absolu, que vous n’ayez plus aucun caractère, que vous ne soyez plus le chercheur, l’homme qui juge, qui est agressif ou peut-être non agressif, de telle sorte que vous soyez complètement vide de tout ce qui est vous ? Cette vacuité est la beauté, avec son austérité extrême dans laquelle il n’y a pas une étincelle de dureté ou d’affirmation agressive. C’est ce que veut dire effectuer la percée, et est-ce cela que vous poursuivez ? Il doit y avoir une intelligence étonnante, qui ne soit pas de l’information ou du savoir. Cette intelligence opère continuellement, que vous soyez endormi ou éveillé. C’est pourquoi nous disions qu’il doit y avoir cette observation de l’extérieur et de l’intérieur qui éveille, qui affine le cerveau. Et cette acuité même du cerveau le rend tranquille. Et c’est cette sensibilité, cette intelligence qui font que la pensée n’opère que lorsqu’il le faut; le reste du temps le cerveau n’est pas ensommeillé, mais tranquille de manière vigilante. Et ainsi, le cerveau avec ses réactions ne crée pas de conflit. Il fonctionne sans lutte et, par conséquent, sans déformation. Alors, le faire et l’action sont immédiats, comme lorsque vous voyez un danger. En conséquence, il y a toujours une libération à l’égard des accumulations conceptuelles. C’est cette accumulation conceptuelle qui est l’observateur, l’ego, le « moi » qui divise, résiste et construit des barrières. Quand le « moi » n’est pas, la percée n’est pas non plus, alors il n’y a pas de percée; alors la totalité de la vie est dans la beauté de vivre, la beauté des rapports, sans qu’il y ait substitution d’une image par une autre, alors seulement l’infiniment grand est possible.

 

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On se demande pourquoi les êtres humains, qui ont vécu sur cette terre durant des millions d’années, qui sont technologiquement intelligents, n’ont pas utilisé leur intelligence à se libérer de ce problème si complexe de la peur, probablement responsable de la guerre, de tuer l’autre.

 

Les religions du monde n’ont pas résolu le problème, ni les gourous, ni les sauveurs, ni les idéaux. Il est donc très clair qu’aucun agent extérieur – aussi noble, aussi popularisé par la publicité soit-il – aucun agent extérieur ne pourra jamais résoudre ce problème de la peur de l’homme.

 

Peut-être avons-nous si totalement intégré le canevas de la peur que nous ne voulons même plus en bouger. Alors, qu’est-ce que la peur ? Quels sont les éléments qui contribuent à créer la peur ? Comme les petits cours d’eau, les ruisselets qui forment l’énorme volume d’une rivière, quels sont les petits courants qui forment la peur.

 

 

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Un nouveau texte de Krishnamurti qui peut aider à dépasser les contraintes quotidiennes et à libérer les forces d’une révolution intérieure qui nous permettront de faire revivre ce monde.

Ce dont nous avons besoin c’est de quelque chose de totalement neuf : une révolution, une mutation de la psyché elle-même. Le vieux cerveau ne peut absolument pas résoudre le problème des relations humaines. Le vieux cerveau est asiatique, européen, américain ou africain. Nous nous demandons, en somme, s’il est possible de provoquer une mutation des cellules cérébrales elles-mêmes.

Demandons-nous encore une fois, maintenant que nous sommes arrivés à mieux nous comprendre nous-mêmes, s’il est possible à un être humain qui vit quotidiennement une existence ordinaire dans ce monde brutal, violent, cruel — dans ce monde qui, devient de plus en plus efficient, donc de plus en plus cruel — s’il lui est possible de provoquer une révolution, non seulement dans ses rapports extérieurs, mais dans le champ de son penser, sentir, agir, réagir.

Tous les jours nous lisons que des actes épouvantables sont commis dans le monde, comme conséquence de la violence de l’homme. Vous pouvez dire : « Je n’y peux rien » ; ou : « Comment pourrais-je influencer le monde ? ». Je pense que vous pouvez l’influencer considérablement si, en vous-mêmes, vous n’êtes pas violents, si vous menez réellement, chaque jour, une vie paisible, non compétitive, une vie sans ambition ni envie, qui ne crée pas d’inimitiés. De petits feux peuvent devenir un brasier.

Nous avons réduit ce monde à un état de chaos par nos activités égocentriques, par nos préjugés, nos haines, nos nationalismes, et lorsque nous disons que nous n’y pouvons rien, nous acceptons le désordre en nous-mêmes comme étant inévitable. Nous avons brisé ce monde en morceaux et si nous-mêmes sommes brisés, fragmentés, nos rapports avec le monde le seront également. Mais si, dans nos actions, nous agissons totalement, nos rapports extérieurs subiront une formidable révolution.

En somme, tout mouvement valable, toute action ayant une vraie portée doivent commencer en chacun de nous. Je dois, pour commencer, me changer moi-même. Je dois percevoir la nature et la structure de mes rapports avec le monde, et dans le fait même de les « voir » est le « faire » ; dès lors moi, en tant qu’être humain vivant dans le monde, j’engendre une nouvelle qualité, une qualité qui, à mon sens, est celle d’un esprit religieux.

Un esprit religieux est totalement différent de celui qui croit en une religion. On ne peut pas être religieux et en même temps hindou, musulman, chrétien, bouddhiste. Un esprit religieux n’est pas à la recherche de quelque chose, il ne peut faire aucune expérience avec la vérité, car elle n’est pas une chose qui puisse être dictée par le désir ou la souffrance, ni par un conditionnement, hindou ou autre. L’esprit religieux est un état d’esprit en lequel il n’y a aucune peur, donc aucune croyance d’aucune sorte, mais seulement ce qui « est », ce qui est, en tout état de fait.


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